1989 Tristan et Iseult

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Adaptation théâtrale de Georges Rodier

Bis repetita !

Je sais bien qu’il faut faire mieux pour confirmer le pari gagné en 1988.

Selon l’adage sportif “on ne change pas une équipe qui gagne” il nous reste à travailler d’arrache pied à une nouvelle et inédite création.


le songe moi-1Sans relâche, les travaux… C’est plein d’une nouvelle énergie qu’il nous faut entretenir, améliorer et continuer les aménagements du site environnant le théâtre de verdure… Ce sont les sous-bois et coteaux que l’on va sillonner de sentiers qui  relieront le camping et le Théâtre de verdure à l’espace nautique.  Nous créons une balade, (de santé et botanique) des plus romantiques qu’il soit le long de la rive du lac de Chardes…

gradins coussins-2Au théâtre de verdure, nous avons besoin d’augmenter la capacité d’accueil. du public. Aussitôt pensé ! aussitôt (ou presque) fait ! Nous achetons des planches des poutres et solives, des scies, marteaux et pointes. Les matériaux sont acheminés à l’épaule ou en barge et nous construisons  une extension aux gradins existants. C’est un “gradinage” en bois, d’une centaine de places ajoutées. Des coulisses supplémentaires sont aménagées.

B2“Le Songe d’une nuit d’été”.  nous dévoilait les hasards et incertitudes amoureuses, je choisis de porter sur cette scène lacustre l’histoire, ou plutôt le mythe de “Tristan et Iseult.” C’est encore une histoire d’amour, mais d’amour absolu qui ne peut se résoudre que dans la mort. C’est aussi un conte médiéval dont les auteurs se perdent dans la nuit de la conscience populaire du moyen-âge. A part l’interprétation de Wagner, il n’existe à ce jour aucune représentation théâtrale sur ce thème.

local technique-1Fervent médiéviste, c’’est avec passion que Georges Rodier va se mettre à écrire une nouvelle et inédite adaptation. Son fils Olivier, dans le cadre de ses études  en lettres modernes s’est particulièrement intéressé à la littérature médiévale,  il va participer à ce travail.

G.R. “Ce texte alterne prose et vers, dans une langue proche du vieux français.

B3Tristan et Iseult” apparaît au XII° siècle comme un des premiers textes en langue “romane” – en opposition avec la tradition scripturale représentée par le latin. Texte d’une grande richesse, sa forme littéraire nécessite parallèlement à son adaptation une véritable transcription théâtrale.” C’est donc à partir des ouvrages de référence que constituent les textes de Beroul, Thomas d’Angleterre ou Eilhart, mais aussi sur le base de “La folie Tristan”, deux ouvrages anonymes de Berne et d’Oxford, que Georges et Olivier Rodier s’attachent à reconstituer les éléments indispensables à la chronologie de l’intrigue, tout en respectant l’esprit de “ce conte d’amour et de mort” comme aime à le définir Georges Rodier.

B6“Elle comprend une vingtaine de tableaux qui illustrent les épisodes qui jalonnent la quête des deux héros, souvent initiatiques, et, d’autre part des récitatifs de ménestrels qui rappellent la tradition et la transmission orale originelles des poèmes. Narrateurs nés, ces ménestrels relient, commentent, justifient la succession de ces tableaux et surtout expliquent et signifient la marche des amants vers leur accomplissement final et l’apothéose de leur amour dans la mort partagée, consentie, apaisante…  “(Georges Rodier)

B7Georges Rodier, écrit avec une incroyable passion, il vit ses mots, souffre et les subit. Georges c’est cet homme intuitif et sensible que je croise à la fin de l’hiver, sur la place du village et qui me dit sérieusement: “Jean Marie, j’ai pleuré ce matin … je viens de faire mourir Iseult…” 

(La vie, l’amour, la mort… ma soeur ainée Annie à 50 ans nous quitte subitement)

C’est lors d’une grande réunion publique et par voix de presse que le projet  présenté fait appel à ceux qui voudraient s’impliquer et renforcer notre équipe.

C’est une équipe de 102 comédiens musiciens et danseurs qui va se partager les 200 personnages de la pièce. Puis, 150 techniciens régisseurs décorateurs costumiers et participants à la logistique, vont participer à cette nouvelle entreprise.  (3000

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spectateurs)
Il est délicat de mettre un visage sur les personnages légendaires de Tristan et Iseult. Stéphane Godefroy et Céline Latu deux jeunes acteurs, magnifiques, nous embarquent avec leur générosité, pureté et innocence dans ce parcours initiatique rempli d’épreuves.

B42L’intrigue baigne dans l’ésotérisme. Beaucoup d’événements échappent au monde rationnel. François Guilbard aidé de Marie-Claude Deudon traduit par la chorégraphie cet aspect magique. Ils dirigent pendant des mois à L’Isle Jourdain, les ateliers de jeunes, d’adolescents et d’adultes. “Notre “Tristan et Iseult” dit-il “…histoire d’amour de deux êtres, est aussi l’histoire d’amour de deux arts, le théâtre et la danse.”

B27Gustave Boistard avec Anne-Marie Diguerher, Hélène gustave essaisMourasse , Chantal David, Claire Mesrine dirigent  un gigantesque atelier  d’ouvrières à la réalisation de 200 costumes confectionnés de pannes de velours et tissus soyeux couleur lie de vin, vert bouteille ou ocre. L’atelier costume est le lieu de labeur intense où s’activent des doigts de fées taillant cousant, ajustant avec minutie des tissus magnifiques, mariant des couleurs insolites, mais du plus bel effet sous l’œil vigilant et rigoureux du maître Gustave, qui vient chaque lundi prodiguer conseils et directives.

B23Le relais est pris par Hélène Anne-Marie et Chantal pour assurer leur réalisation. Que ce soit pour un grand rôle ou pour la figuration, le même soin est apporté à chaque costume. Le dévouement et la compétence des couturières sont dignes de tous les éloges. Elles travaillent loin des regards, sans abstention, mais le spectacle leur devra une grande part de sa beauté.

Nous avions besoin d’ajouter à cette création une musique originale à la hauteur de nos ambitions. Félix Blanchard est compositeur arrangeur, pianiste et synthétiste confirmé. L’alchimiste des sons dans son studio poitevin crée la félix-1musique de Tristan et Iseult. La légende remonte au XII° siècle et sans être forcement fidèle à cette période, sa partition s’inspirera du médiéval pour les tableaux solennels, mais l’éventail entre médiéval et contemporain est large et des musiques plus actuelles accompagneront les “moments forts sentimentalement”, avec aussi des références orientales. Avec les sons qu’il va pêcher dans la nature avant de les échantillonner, il concocte une bande originale. “Une grosse cuisine sonore”.

B18Michel Seignardie, met en valeur toutes les scènes avec ses éclairages. Il créé un lieu d’enchantement éclairé de jeux de lumière subtils projetés sur la roche et les feuillages qui, soudain s’animent d’une autre atmosphère. Les acteurs sont plongés au cœur d’un monde qui les dépasse, les envoûte. Il sait s’entourer d’une belle équipe de jeunes, éveillant des vocations de futurs techniciens.

B39Le travail des décors est énorme. Il nous faut dans un même espace, évoquer plusieurs univers. La cour  du roi Arthur est représentée par une tour jouxtée à la roche. Un gigantesque escalier en fond de scène  symbolise le palais du roi Marc  de Cornouaille. Un autre escalier escarpé et pentu dévale la falaise. C’est le passage des lépreux. L’univers sauvage et hostile de l’évasion de Tristan et Iseult  est fabriqué d’un praticable suspendu accroché à mi-hauteur de la falaise.  Avançant sur le lac, c’est un joli quai qui se profile, il y verra accoster la nef de Tristan et Iseult !

B37C’est un très grand nombre de bénévoles  qui réalisent ces décors. Tout est fabriqué de bois, stuc, plâtre peints en trompe l’œil… Ces dispositifs doivent se fondre au paysage naturel.

Avec la participation du Ministère de la Jeunesse et des Sports, et de l’Éducation populaire, nous obtenons les financements  d’un stage de réalisation. Entre autre, cette action met en chantier des jeunes  avec le JET  qui vont nous aider pendant tous ces longs mois à la réalisation de certains de ces ouvrages.

bateau 1Pierre Jammet nous fait des dessins et plans forts documentés de la nef de Tristan et Iseult..  C’est à Arcachon que le docteur Boutin nous trouve une pinasse. Ce seront les Ets Jammet qui vont l’acheminer à L’Isle Jourdain. Nous installons un atelier de restauration marine à Chardes dans une grange où l’embarcation est remisée. Là, dirigés par Jean Claude Doit, ce seront 21 personnes qui  vont se relayant, transformer de la coque aux cordages voiles et gréements, ce bateau en une nef de rêve naviguant avec à son bord les amants du lac…

C’est par une belle soirée de juin que Carole Doit la marraine et Olivier Mourasse le parrain, vont lancer sur la coque de la nef une bouteille de champagne comme le veut la tradition.

nef tristCe jour là c’est la fête au bord du lac, c’est un moment de répit, un moment de grâce que nous nous offrons ensemble à trinquer à notre sueur, à notre labeur, solidarité,  amitié et au succès que l’on perçoit  à portée de main.

Simultanément depuis  des mois, nous menons de front  séparément les ateliers. Peu à peu, nous nous rassemblons les uns et les autres. Le travail est gigantesque, des dizaines de comédiens entrent en scène, puis la musique, la danse,  les costumes et les lumières…

B19 La persévérance dans le travail et l’exigence sont les vertus cardinales. On peut d’autant moins se permettre d’être médiocre qu’on est amateur : des gens de théâtre de renom, sont venus nous voir l’an dernier… On nous attend au tournant !

Mon rôle est ardu et ingrat. Diriger ce nombre important  de comédiens m’est une véritable épreuve.  Il nous faut travailler le rythme, les enchaînements de cette lourde machinerie humaine et collective…  Sous ces pressions dantesques,  je me sens tantôt mesuré, tantôt excessif et parfois exacerbé par la lourde responsabilité d’astreindre au niveau le plus élevé le travail de chacun !

B5Pendant l’automne et l’hiver les répétitions ont lieu dans des salles. Dès le printemps, il devient vite nécessaire de confronter les comédiens à l’espace scénique du site. Nous sommes alors, tributaires des conditions atmosphériques qui nous font  travailler quelques fois sous une pluie battante, le froid, mais aussi des moments d’extrême chaleur où il le seul salut est de se mettre les pieds dans le lac !

B16L’oeuvre de Tristan et Iseult est dense.   Ce spectacle peut durer 5 heures. Il n’est pas question de le raccourcir; Georges Rodier notre auteur ne fait aucune concession quand à la longueur du texte, il ne permettrait même pas que l’on coupe une phrase !

Je pense que vous comédiens de cette aventure, vous gardez le souvenir de ces ultimes répétitions commencées à  9 heures du matin et terminées à minuit. Combien elles nous laissaient B36fatigués, épuisés !  J’étais angoissé par cette infinie longueur totalement inhabituelle dans le théâtre d’aujourd’hui ! Je calculais, surtout sans n’en rien dire, que ce spectacle allait durer au moins 5 heures !!!
Les dimanches, j’observais cette centaine de comédiens là sur le site, disciplinés, calmes, y compris les jeunes enfants entourés de B8B17 B35leurs parents… chacun gardait patience et sang froid. Tout aurait pu  basculer  par la fatigue, l’énervement et le doute !  L’ombre des spectateurs s’approchait, tous étaient  à l’écoute et attentifs.

Ce soir de première, ou plutôt  à 1h1/2 du matin ! les gradins combles croulent sous les applaudissements. Ouf ! 3h45 de spectacle ! un vrai miracle.  Georges Rodier l’auteur heureux de la mise en scène de son spectacle pour nous encourager nous dit:

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“Tristan et Iseult” ne peut être réduit à un vaudeville. Ce couple d’adultes adultère ne trompe  personne mais subit la loi du désir. Les héros sont victimes du filtre d’amour qui les confrontent à un monde  dépassant l’entendement humain. Il fallait bien un spectacle de 3h45  pour rendre ce caractère “ineffable” du conte”

Je pensais totalement comme lui, mais, l’important était de tenir sur un si long temps l’intérêt du public !

Je peux témoigner n’avoir pas vu le long de ses 3h45 de représentation ininterrompus,  une personne quitter le spectacle.

J’étais soulagé

Il en sera ainsi tous les soirs. Le jeu se resserre, Charles notre doyen qui perdait tous ses moyens à la vue du public, semble de plus en plus à l’aise. La presse est très présente, la télévision, les radios locales,  font que ce spectacle devient un événement, nous avons même les faveurs d’un très bel article de Hélène Azéra sur Libération. C’est l’invasion aux réservations et, nous ne pourrons pas cette année encore, accueillir tout le monde.

B32“Tristan et Iseult” ont traversé les siècles, source intarissable d’inspiration, symbole de l’amour plus fort que la mort, héros de l’absolu de l’amour et de l’amour de l’absolu. Il nous semble que leur aventure revêt une signification plus révélatrice encore, plus engagée, plus mystique peut-être (Georges Rodier) 

 Brèves de coulisses :

B45Une idée de metteur en scène !  Dans l’espace  scénique, j’imaginais avec les étoiles pour ciel de lit, une couche surdimensionnée pour les amours d’Iseult . Un ormeau providentiel était à son chevet, ses branches y suspendaient tel un baldaquin, un immense drapé fluide. A l’aide de poulies et bouts savamment installés, ces voiles montaient, descendaient, abritant pudiquement les amours de Tristan et Iseult.

B46Lors des répétitions, la mécanique semble parfaitement rodée ! Cette soirée d’été nous accueillons lors d’une ultime répétition Hélène Azéra journaliste en reportage pour le journal “Libération”. Cette présence nous stresse ! Le spectacle est loin d’être abouti ! Mais, nous avons comme atout et singularité,  “petits amateurs ruraux”  celui de prétendre faire jouer pleinement la nature avec nous dans le cadre de ce théâtre de verdure !

B47Le valet  discrètement, va lever le ciel de lit. Rien ne bouge !  Ah ! il tire un peu plus fort… Rien ! Ah, ah !  Alors un autre valet arrive à son secours et ensemble, ils tirent de toutes leur forces. Crac… l’immense branche vient de craquer et elle s’incline doucement sur le lit… La nature, ce soir là avait quelque chose à nous dire ! La journaliste complaisante, dans un très honorable et flatteur article n’en a pas fait mention.

B48Les risques du métier...  Autre répétition, celle là; la première costumée. Armés de lourdes épées sur un passage ponté installé sur le lac,  notre grand, jeune, beau et frêle Tristan, Stéphane Godfroid, tout richement vêtu, doit affronter le Morolt, Alain Couvrat, très grand, fort et beau lui aussi…. Alain, notre fougueux et terrible Morolt pris dans l’élan de son rôle, porte si violemment son coup d’épée que Tristan déséquilibré, tombe lamentablement et inéluctablement dans le lac.  . C’était le début B50du spectacle… l’histoire de Tristan pouvait s’arrêter là !  C’était sans compter sur la ruse de notre jeune premier, comédien malin qui à son tour projette le Morholt dans l’eau et lui assène un grand coup d’épée !  Le spectacle peut continuer ! Heureusement ce n’était qu’une répétition.

Imprévu… François Guilbart avait scénographié de magnifiques ballets avec toute la cour pour les festivités du mariage. Notre costumier Gustave s’était donné à cœur joie de belles matières et de volumes dans les robes de dames de cour. (14m de tissus par robe quelques fois).  Toutes étaient coiffées de longs voilages. Vue l’immense tâche des costumières, ce n’est que tardivement que ces tenues entrent en répétition. Ce soir là, tous nous prenons conscience que passer des jeans aux robes et baskets, aux talons hauts, ne pourra se faire qu’après maintes répétitions nouvelles de maintien, de déplacements et d’ateliers danses multipliés.

Metteur en scène, je ne manquais pas d’idées parfois saugrenues voire   dangereuses   Je manifeste l’idée de trouver un singe, animal qui accompagnera  mes ménestrels de village en village. … Véronique Jammet, comédienne de talent et aussi régisseuse très efficace, me trouve un singe femelle “babouin”… C’est mon fils, Thomas 13 ans qui doit l’avoir comme partenaire ! Lorsque l’animal arrive, suivant les recommandations de ses maîtres, l’enfant  passe toute une journée avec lui. Si le contact se passe bien, il y a quelques inquiétudes sachant que cette bête ne supporte pas l’approche des femmes ! Leurs présences déclenchent une excitation, agression et des cris effrayants. Après cette phase de “domestication ! ” le jour de la répétition avec l’animal arrive… J’installe “la babouine” dans ma voiture, selon le rite indiqué par les propriétaires et Thomas s’installe derrière. A ce moment, le “babouin femelle” se retourne et comme l’éclair saute sur Thomas qu’elle mord une vingtaine de fois en quelques secondes. Je la “stop” effrayé ! c’en était fini de cette idée, je m’en voulais et Thomas était traumatisé. Il s’en est remis et joue encore à imiter les singes, ce doit être sa revanche…

B40Notre ami Jean-Jacques une fois de plus vient à la rescousse, il nous trouve une « pie voleuse » pas farouche du tout et certainement très curieuse à la voir perchée pendant tout le spectacle sur le bras de Thomas  toisant fièrement le public.

B13Un débat autour du rôle d’Iseult... Lorsqu’elle donne l’élixir à boire à Tristan, le fait-elle en connaissance de cause ?…  Est-ce une méprise  du valet… Georges Rodier nous a donné sa version, non sans que l’on en discute…

La transcription scénique de “Tristan et Iseult” de Georges Rodier fut l’objet d’un mémoire de maîtrise à l’Université de Limoges.

B39Les coulisses étaient  aussi dans les sous-bois. Entre les tableaux, il fallait s’occuper … Je ne sais rien de ce qu’il s’y passait pendant ces 3h45 de spectacle. Je me souviens seulement  qu’il est arrivé que l’on oublie de rentrer sur scène !

A chaque représentation, Michel Mourasse le commandant de bord de la nef, se faisait des cheveux blancs; au moment de l’embarquement, parmi les bateliers, il y en avait un (toujours le même) qui, tous les soirs arrivait au tout dernier moment. Il perdait la notion du temps en contant fleurette dans les coulisses à une gironde jouvencelle !

B29Les éphémères. Pour les dernières représentations de Tristan et Iseult ces nuits étoilées et chaudes des milliers d’éphémères jaillissent du lac de Chardes. En plus grand nombre que la veille, ce nuage de papillons blancs tel une tempête de neige se dépose. Ils couvrent et envahissent d’un grand manteau blanc  l’espace scénique, les spectateurs et les régies. C’est un moment à la fois “fantasmagorique” diront certains “angoissant diront d’autres. Le public est à la limite de la panique, les techniciens ne voient plus le clavier de leur pupitre, les comédiens en parlant mangent des éphémères et la scène est nappée de blanc. C’est en variant les sources de lumière et faisant se déplacer les faisceaux d’éclairages que nous détournerons ces nuages d’éphémères de la scène et du public…

Un délégué du ministère de la culture, venu de Paris me téléphona le lendemain, non pour me féliciter du travail mais pour exprimer ce moment unique et féerique qu’il avait vécu avec ces papillons blancs.

La tâche a été rude pour aboutir ce spectacle, j’ai aimé le mettre en scène. Il advenait une forte émotion de cette œuvre emprunte du décor infini, modelée entre les étoiles, l’eau du lac et la lumière avec cette nature luxuriante.

B22Gagné avec acharnement, sans faiblir avec une grande équipe, nous avons là vécu une création  dont nous pouvons être fiers.

Tu peux tout accomplir dans la vie si tu as le courage de le rêver, l’intelligence d’en faire un projet réaliste, et la volonté de voir ce projet mené à bien.

(Sidney A. Friedman)

 

Photos : Jean-Jacques Godfroid – Michel Mourasse