2004 Extravagances et Autres Bizarreries

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2004  « Extravagances et autre Bizarreries »

avec le « Chœur de Chambre de la Vienne”

Zèle d’un néophyte, novice…  Musiques dites “savantes” de la Renaissance Française aux musiques de nos jours, de la chanson populaire à la chanson d’aujourd’hui ; un concert-spectacle où le Choeur de Chambre de la Vienne invite le public à être surpris, étonné, où le bizarre rejoint… L’extravagant !   Voix chantées, voix parlées, voix chuchotées…

Textes humoristiques, satiriques, poétiques, rêveurs, graves, profonds…

Instruments mélodiques,

Instruments de percussion,

Des corps qui chantent, qui bougent, qui sont eux-mêmes instruments…

Mise en espace, mise en relations concoctées, oserais-je dire mitonnées, par moi-même.

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Augustin Maillard  me met au défi, pari ou gageure de mettre en scène ses choristes dans un répertoire des plus hétéroclites.

Le « Chœur de Chambre de la Vienne” est dirigé par Augustin Maillard et soutenu par les instances culturelles et politiques avec la volonté de créer un « Ensemble Vocal » à l’échelle départementale. Cet ensemble mène un projet de diffusion très riche qui s’étend d’animations en milieu rural à des concerts dans des villes importantes de la région mais aussi hors région et à l’étranger.

C’est en Janvier 2000 à la dernière représentation de “L’Harmonie de la Sainte Cécile”  à Chauvigny que je rencontre et reçois les plus vives félicitations de Augustin Maillard spectateur enthousiaste de notre comédie musicale. Il a aimé l’énergie dégagée du spectacle et est épaté de l’engagement individuel de chaque musicien et choriste dans l’interprétation de cette comédie musicale.

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Il me sollicite pour mettre en scène avec le “Chœur de Chambre de la Vienne” un projet qu’il souhaite de même nature que celui qu’il vient d’apprécier.

Je suis d’abord flatté avec l’envie de répondre favorablement ; J’applaudis des deux mains, les actions et la carrière de Augustin menées auprès  de chorales et de musiciens dans des évènements importants qu’il manage avec un grand professionnalisme.

Mais, c’est  perplexe et inquiet que je lui évoque ma problématique : Comment, totalement inculte en matière musicale, puis-je prétendre diriger et construire un spectacle avec les très bons chanteurs du « Chœur de Chambre » qui possèdent tous un excellent bagage vocal, instruits de multiples expériences musicales de répertoires prestigieux ?

Je suis indécis, il essaie de me convaincre ! Inquiet, je me rassure en imaginant que la bonne idée du spectacle de Augustin « restera dans la boite » comme il en est parfois ainsi pour nous tous, dans une certaine proportion de nos projets artistiques !

… Je n’entendais plus parler  de ce projet ! C’était ne pas connaître l’opiniâtreté de Augustin Maillard qui, une année écoulée, m’appelle et me dit: ”Ça y est Jean-Marie, les Choristes sont prêts, j’ai sélectionné un répertoire, déterminé un planning et tout le programme de la saison à venir est établi… On t’attend ! « 

 

“Roland de Lassus, Ernst Toch, Gilbert Bécaud, Jean Absil, Clément Janequin, Victor Flüsser, Gabriel Bataille, Orlando di lasso, Jean Mouton, Johann sebastian Bach, Stephen Hartfield, William J. Shinstine, Francine Cockenpot, Harry Simeone, Laurent Voulzy, Richard Gotainer, Raymonds levesques, Heinrich Poos… et autres Traditionnel et Anonyme”…

Vous connaissez ces compositeurs ?   Moi, à part Bécaud et Voulzy ! Très, très peu et, c’est en parfait novice que j’accède à ces univers musicaux…

Quand il faut y aller, il faut y aller… C’est simple me dis-je : dans chaque projet que je mets en chemin, être ignorant et novice n’est-ce pas mon premier atout ? Voilà  comment sous le couvert d’un travail sérieux de l’inexpérience, je conjugue candeur et ingénuité avec sincérité et simplicité, au service de cette création avec le Chœur de Chambre de la Vienne.

 

Je suis curieux des formes musicales de toutes les époques. J’aime toujours être dans un concert placé au plus proche des choristes, ce moment où, sensible, je me laisse aller dans l’harmonie qui me transporte, me ferme les yeux me laissant facilement enchanter. Il m’arrive quelquefois que le charme se rompe, non pas lorsque j’ouvre les yeux, mais lorsque je regarde un interprète, plutôt le dévisage ; statufié ou pétrifié, les yeux accrochés à sa partition, ou rivés au geste, regard du chef de chœur, le visage crispé, le corps tendu, celui qui fait mal, où au contraire détendu, débridé avec des gestes, des grimaces et des attitudes posées, drôles, sympathiques… Toutes ces personnalités m’intéressent pleinement… même si elles sont quelquefois en décalage avec l’harmonie des voix, l’harmonie du groupe et l’harmonie au texte qu’il raconte à l’atmosphère qu’il évoque…

Quels rapports entretiennent-ils avec les mots chantés ?  Pensent-ils l’histoire qu’ils chantent… Oui, certainement, mais chacun dans sa propre perception, ses frontières et de là à l’exprimer au public !  Jouer un peu de son texte avec un geste un mouvement, ça risque de devenir vite enfantin, les limites sont très vites atteintes, le gestuel reste le même parfois répétitif… Il manque beaucoup de ce qui nous est donné naturellement dans l’expression, le rapport des uns et des autres… Alors, si, ils pensent jouer leur texte, chanter leur histoire, c’est entre eux que cela se manifeste dans leur jeu et échange, et nous, le public, où sommes-nous ? Tout le contraire du jeu théâtral que j’aime susciter !

Le chef de chœur est toujours la première personne qui m’intéresse. Il me fascine par ce pouvoir qu’il a, premier instrument diapason, à la fois, boite à rythme et modulateur…   Pouvoir qui devrait nous faire réfléchir de l’importance du geste, du regard précis même infime et de sa perception, celui qui très précisément fait naître et règle ces voix en harmonie parfaite. J’aime aussi lorsqu’un ou une choriste, possédée de son texte fusionne, rive son regard à la direction du chef et  là, totalement concentrée, le corps figé ou en mouvement le plus juste qu’il soit nous subjuguer de son regard qui lui, brille, s’assombrit, émue, rit… C’est pour moi un acte théâtral troublant, vivant, l’art du texte évadé dans la musique et le chant.

C’est de ce postulat qu’il me faut partir et oser pour mettre en espace “De Roland de Lassus, Ernst Toch, Gilbert Bécaud, Jean Absil, Clément Janequin, Victor Flüsser, Gabriel Bataille, Orlando di lasso, Jean Mouton, Johann sebastian Bach, Stephen Hartfield, William J. Shinstine, Francine Cockenpot, Harry Simeone, Laurent Voulzy, Richard Gotainer, Raymonds levesques, Heinrich Poos… et autres Traditionnel et Anonyme”

Je suis d’abord spectateur du travail des choristes pendant leurs répétitions.

Je les observe, épie, étudie, guette, apprécie distingue…

Je note leur nature, tempérament et caractère.

J’écoute et découvre les chants, les sons, le ton, les paroles, le sens l’atmosphère…

Je fais le point du talent instrumentiste de chaque choriste, afin d’une exploitation éventuelle.

J’ai besoin de scruter, observer le chef de chœur Augustin, il ne peut aussi échapper à mon examen attentif

J’élabore une chronologie, une chronique, une fiction… une histoire…

Comme un cocktail, je dois secouer tout cela, le mélanger jusqu’à emmener chacun à s’en délecter…

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Je teste et mesure la limite de mes exigences demandées aux choristes, qui vont de l’hurluberlu à l’impossible, par exemple : connaître textes et partitions du répertoire par cœur ! Sortir seul de son pupitre et se retrouver au milieu d’autres en toute cacophonie ! Bouger danser jouer sauter courir, grimper pendant une interprétation musicale des plus complexes ! Gérer des accessoires qui  empêtrent ! Mettre sa fragilité en scène, se dépouiller de sa partition et de son pupitre !  Rien de surprenant que quelques choristes soient partis en courant, jurant que l’on ne les y  prendrait plus ! Alors, il y a heureusement ceux qui restent pour : Voir jusqu’où ira l’expérience !  Jusqu’où ils vont être capables d’aller ! Se faire du bien… !  Se faire du mal… ! Pour conclure, heureusement ! il y en a toujours et encore qui en redemandent !  Ceci explicite  pourquoi je suis encore  avec vous sur cette feuille pour en bavarder.

C’est aussi simple et complexe que cela, je procède toujours de cette manière lorsque je me trouve face à un groupe qu’il soit de talent ou de dilettante.

Trop, c’est trop… même si je suis allé très progressivement dans ces demandes (exigences) les réticences avec le temps se sont peu à peu lâchées… On arrivait enfin de plus en plus dans la bizarrerie et l’extravagance qui s’était installée plus ou moins chez chacun.

J’étais très heureux du résultat, je pense que le public surpris a été content de pouvoir digérer ce florilège de compositeurs hétéroclites, pouvant recevoir avec rire et émotions tous ces chants mais aussi ce qu’ils voulaient nous dire…

Personnellement j’ai été heureux  de m’entendre dire par ces choristes rigoureux au bout de leur souffrance “ Ça va être dur maintenant de rester derrière une partition”  En tout cas merci à ces gens qui m’ont suivi dans l’insolite, le non conformiste et pour moi, la rencontre et le travail avec Augustin Maillard reste un très beau souvenir.

De 2000 à 2005, ce même travail je le pratique avec tous les groupes chorals rencontrés dans les Spectacles « Printemps Chapiteau » qui acceptent de rentrer dans le jeu. Je le continuerai bien d’autres fois, avec OPACAD  en 2008, 2010, 2012 et encore…

avec Le Chœur de Chambre de la Vienne cette année 2014-2015

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« Bis Repetita » … Dix années ont passées, et me revoici de nouveau installé, cheminant tel un chien dans un jeu de quilles, au milieu des choristes du Chœur de Chambre de la Vienne.

Bousculer , Soprani, Alti, Ténors et Basses de leurs habitudes faites de rigueur et d’écoute, les promener dans l’imaginaire de leur répertoire : « Oeuvres de la Renaissance à la Musique de nos jours »… afin de se jouer de la surprise, de l’interrogation du public pour le transporter dans un univers imagé, sensible et poêtique…   telle est ma participation…

A partir de Février 2015 :    « BIZARRERIES ET AUTRES EXTRAVAGANCES… »

 

Samedi 7 février 2015 à 20h15 Salle des Fêtes de LUCHAPT