1991 L’Odyssée

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 “Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage”   C’est au Théâtre de Verdure que va accoster ce héros achéen mythique. Le rêve olympien va devenir réalité.

 Et maintenant ! Avec Georges Rodier, un jour d’été des “Sept péchés Capitaux”  nous allions à la Direction Régionale de la Culture à Poitiers. Dans la rue, je me souviens… Georges Rodier me demande :

“Alors Jean Marie quel projet avez-vous pour l’après “Sept Péchés Capitaux ? “

georges rodier  J’attendais cette question depuis quelque temps ! . Je n’osais lui en parler ! Une songerie, rêverie qui devenait obsessionnel dans ce théâtre à l’antique, me faisait oser imaginer y jouer ”l’Odyssée” !  Ce projet me semblait gigantesque, démesuré et quelque .peu présomptueux !  Je redoutais de lui évoquer ce dessein,  même si je me prenais à rêver une adaptation !.  C’était ne pas bien connaître Georges Rodier !

 

scène décor… Quelle surprise ! lorsqu’il me répond abasourdi et enthousiaste “Jean Marie, c’est mon livre de chevet, je connais la version Grecque de Homère par cœur ! “ Voilà c’était Georges Rodier ! Il va pendant des mois et des mois conjuguer son savoir et engouement pour écrire et nous adapter, transcrire sa  version théâtrale de “L’Odyssée”…

Pour moi et Georges Rodier, cette Odyssée-là ne sera donc pas seulement une étape supplémentaire et fortuite dans le fabuleux voyage du héros achéen mais une rencontre privilégiée et symbolique entre une œuvre et un site.

bateau odysseeUn site qui rappelle justement le théâtre antique par les gradins de sa “cavéa” adossée à une ancienne carrière et son ”orchestra” au ras du lac, enclos en un écrin de verdure et de pierre.

Un lieu prédestiné semble-t-il pour que s’y déroulent en plein air, comme jadis, dans la sérénité et le silence nocturne, les grands, les éternels débats sur les errances et les vicissitudes humaines.

D41991 « L’Odyssée ».

Comme le veut la tradition, c’est lors d’une grande réunion publique  à la salle des fêtes de L’Isle Jourdain que nous exposons ce projet. Avec toute son érudition, sa délicatesse et son enthousiasme, devant un très nombreux public, Georges Rodier nous conte l’Odyssée, il captive l’intérêt des publics et des médias présents.

A partir de ce moment, la lourde machine théâtrale se met en marche, les équipes logistique, artistique et  technique se constituent.

a la courL’ Odyssée, “pari fou” qualifieront certains,  “mégalomanie” diront d’autres !

C’est une autre gageure ! et il me fallait une fois de plus être bien hardi, gonflé et présomptueux pour oser faire de cette épopée, “Chef d’œuvre de la littérature Universelle”, une aventure théâtrale avec des amateurs.

françois directAvec Georges Rodier, notre objectif est de faire que chaque comédien avec sa sensibilité perçoive le sens et la valeur de cette épopée initiatique. Nous voulons les émerveiller de sa démarche et plus encore, faire du spectateur le complice de son admiration et de ses découvertes…

L’atelier théâtre se poursuit, j’ébauche la mise en scène par  des esquisses, des croquis, des maquettes du dispositif décor et d’un répét bâteau 1“storyboard.” Pour moi,  le storyboard est la représentation illustrée, dessinées de la mise en scène, des situations des personnages et du jeu. J’ai appris il y a longtemps à le faire pour chaque création, il m’oblige à me projeter avec pragmatisme, dès les premières lectures afin de matérialiser le réalisme de certaines idées, transmettre et communiquer plus concrètement avec les comédiens et les techniques du spectacle.

ulysse au royaume des mortsGeorges Rodier et son “Odyssée”

Il y a trois ans explique-t-il,  “…j’ai effectivement été horrifié lorsque Jean Marie Sillard m’a demandé de faire “ Tristan et Iseult”, mais on ne peut pas lui refuser ! En ce qui concerne “L’Odyssée” j’ai pour Homère une admiration, un culte depuis plus de 50 ans. Quand j’enseignais l’histoire grecque, j’avais au programme la civilisation homérique et, pour moi, Ulysse et royaum balletPénélope sont des images qu’il faut absolument garder. En fait, c’est depuis quelques temps seulement que j’éprouve quelques craintes, quelques angoisses. Depuis que j’ai entendu des spécialistes dire que l’adaptation de “L’Odyssée” nécessitait la collaboration d’un fin poète et d’un helléniste averti. Or, je suis tout seul”.

Certes il est seul à avoir signé cette adaptation. Mais “fin poète” répétition jeuneset “helléniste averti” sont deux qualités que l’on retrouve indiscutablement dans cette transcription où il a su prendre le loisir, sans rien ternir de la beauté de l’œuvre, de supprimer la partie “voyage de Télémaque” et de replacer les aventures d’Ulysse de façon plus linéaire, dans l’ordre chronologique, en douze tableaux. “Cependant, précise-t-il, j’ai tenu à laisser l’importance qu’ont les Dieux dans cette aventure merveilleuse en restituant un prologue, 5 tableaux, un intermède, 7 tableaux les dieux airet un court épilogue”

“L’Odyssée est l’ancêtre du théâtre grec”, nous expliquait le professeur Rodier, “à l’origine psalmodié et dit à une seule voix. Aujourd’hui, c’est une œuvre qui s’inscrit dans la continuité littéraire et artistique. Le théâtre de verdure, en plein air comme le théâtre grec original, les gradins, la crique et le lac de Chardes devraient constituer ici, à L’Isle Jourdain, autant d’éléments moi sortant de l'eauactualisant cette aventure, les rapprochant de nous, les rendant aussi accessibles à un large public…  Il était  indispensable de réduire le volume du poème (plus de 12 000 vers). Pour l’écriture enfin, des vers ont été préférés à la prose, parce qu’ils peuvent mieux, a-t-il semblé, exprimer la musicalité, l’harmonie, les rythmes, la variété du langage Homérique.” Parti a donc été pris par Georges Rodier, d’expurger, de simplifier l’action en un profil plus linéaire, de braquer le projecteur sur le personnage pénélope télémaqueessentiel qu’est Ulysse

“L’Odyssée est sans doute, par les indications qu’elle donne sur les vents, les orientations, les dangers encourus, un recueil d’instructions nautique. Elle est une sorte de répertoire ésotérique de formules et de recettes magiques, un rituel initiatique aussi. Elle est un hymne au courage, à l’invention, à l’infinie curiosité de l’homme, aux pionniers des découvertes et scène décor 1de la prospection en Méditerranée occidentale qui permirent l’ouverture des voies maritimes nouvelles et la mise en valeur de terres vierges. “

Le voyage d’Ulysse se fait en douze étapes. Toutes les ressources naturelles du Théâtre sont utilisées et il faut que les décors géants, s’intègrent parfaitement dans le paysage.

ulysse nourriceGeorges Rodier: “Cet espace scénique, par ses dégagements, sa profondeur, sa topographie, l’harmonie de ses masses, ses proportions ses couleurs, son environnement sylvestre et lacustre, peut accueillir avec somptuosité ce que l’on pourrait appeler le théâtre total, celui qui allie, confond tous les arts : celui de l’écriture, traduit par la parole qui peut prendre ici une résonance particulière ; celui de peindre qui a à intégrer dans le cadre naturel ou à en faire surgir les décors appropriés ; celui de ulysse athénéela lumière qui doit unir ou contraster la violence et la discrétion, jouer du clair obscur dans le frémissement du feuillage ; celui du scénographe et du metteur en scène qui peuvent utiliser les volumes offerts ou construits, concevoir mouvements et regroupements suivant les praticables proposés par le site ou suggérés par eux ; art du musicien qui accompagne le verbe, le souligne ou traduit ce qu’il est incapable de rendre, exprime l’ineffable, enfin ; art du costumier, créateur de figures colorées, maddyeinterprétation des personnages conçus par l’auteur et qui vivent, se détachent ou s’intègrent dans un ensemble vivant et changeant au fil des représentations.”

 Georges Rodier nous trace le chemin et ce sont 200 personnages costumés, comédiens et danseurs qui entrent en scène encadrés par une équipe de professionnels enthousiastes, désormais rodés et soudés. Michel Geslin m’assiste au travail d’acteur.

dominique rudnC’est à Dominique Rudnik que je demande d’incarner ce sacré pari d’être “heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage”.  Dominique anime avec talent depuis très longtemps la troupe de Romagne avec laquelle, il réalise encore aujourd’hui de très beaux projets. C’est avec confiance et générosité qu’il a abordé cette œuvre jouée en vers… il en était à la fois encouragé et effrayé. Il a interprété ce mythe d’héroïsme avec force, présence, caractère et dignité. Cette rencontre dans ses moindres détails est pénéloppe maquillagemarquée de souvenirs indissolubles avec aussi, Véronique, Mady, Annette, Édith, Marie-Odile, Guillemette… dans les personnages de Calypso, Circé, Athéné, Héra, Nausicaa… et Thomas,  Jean-Hubert, François, Alain,  Jean-Marie, Raphaël, Jean-Pierre, Claude… dans les personnages de Hermès, Poséidon, Polyphème, Eurylochos, Télémaque, Mélanthos, Agamemnon, Philétos… et des dizaines d’autres !

danse claudieFrançois Guilbard, assisté de Claudie Nivet, prend en charge la chorégraphie,  Félix Blanchard la musique, Bernard Galodé la lumière et Hervé Rigaud, le son.  Autant de professionnalisme qui contribuent à redonner vie à Ulysse et à faire oublier le temps d’une représentation, que nous sommes sur les rives de la Vienne.

Gustave Boistard assisté de Christine Pacher avec Anne-Marie Diguerher, Chantal David et Hélène Mourasse créent les répétition la grotte polycostumes, . Pas moins de 200 personnages à costumer !  on ne doute de rien !  pendant des mois les couturières armées d’une dizaine de machines à coudre coursent contre la montre, des documents historiques traînent sur toutes les tables débordantes de matières: du cuir, des ficelles, des tissus, de la laine, de la soie, des bijoux…  bric à brac géant et coloré qu’animent des gens passionnés et talentueux.  Que de belles héroïnes à costumer, allant de Pénélope  resplendissante en rouge et pourpre, Circé en ballet 2robe moulante à volants. Ulysse notre célèbre voyageur a besoin d’une tenue par étape, de roi à voyageur, mendiant, naufragé… 14 costumes… habiller chacun sur mesure n’est pas une mince affaire..

Dans la cour, une jeune équipe s’active tout autant, pour réaliser des accessoires nécessaires à la pièce, les armures, les boucliers, les cuirasses, mais aussi les amphores; les vases, et les coupes. bâteau alainTout est en résine, avec un souci du détail étonnant. Rien n’est laissé au hasard pour faire de l’Odyssée un grand spectacle vivant.

Un énorme chantier commence dans l’espace scénique. Par une goulotte installée, de 80 de mètres de longueur, accrochée et dévalant la roche, nous descendons une quarantaine  de mètres cubes de sable pour créer la plage où Nausicaa découvre Ulysse naufragé. En stuc bois et plâtre nous construisons une  crique moutonsrocheuse figurant la grotte du monstre Polyphème.

Nous structurons sur le lac un plateau immergé au loin, là où surgira furieux et menaçant Poséidon et les sirènes. En fond de scène une autre jetée construite semble avancer à l’infini. Du fond du lac, un praticable émergé fait arriver comme sortant des eaux Tirésias qui arrive au royaume des morts… Le bateau d’Ulysse est aménagé pour recevoir tous ses compagnons, navigateurs, c’est théâtre ensembleun élément essentiel au voyage. . Accrochés discrètement par des harnais , Poséidon et Zeus apparaissent à mi-hauteur de la falaise rocheuse. Zeus se déplace aussi dans l’espace sur des câbles tendus, de la falaise aux arbres, rejoignant Hermès le  messager qui par le même subterfuge, vole d’arbres en arbres allant même jusqu’à descendre à la verticale tête en bas.

Tout cette mise en scène est très physique, elle s’essaie, s’exerce, thomas dominiques’expérimente non sans incidents… Sécurisé par un descendeur, Thomas la tête en bas fait une descente vertigineuse, heureusement  il n’a pas de mal…

Il faut une grande discipline et beaucoup de répétitions pour accorder les six bateliers, régler et manœuvrer avec précision les scènes avec les compagnons d’Ulysse dans la  tempête. Elles mettent tout l’équipage à l’épreuve, la barque d’Ulysse doit  valérie maquillagetanguer à l’extrême limite du naufrage, cet exercice  provoque le mal de mer, des peurs et cris plus vrais que nature !…  j’ai appris plus tard que certains ne savaient pas nager !

Poséidon doit faire une soixantaine de mètres sous-l’eau pour jaillir à la seconde précise sur la scène immergée dans une colère explosive et orageuse traduite par un ballet dansé avec des naïades surgissant de l’eau dans une explosion de son et de ulysse prétendlumières. Jean-Hubert  assume cette performance Homérique chaque soir avec  maestria.

Une anecdote:  Ce soir de première, Je suis Zeus dans l’Odyssée, suspendu au dessus de la scène à quelques mètres de hauteur, sur les fils amarrés d’arbres à rochers, face à Thomas qui joue Hermès, j’ai un trou…  Heureusement  Hermès, fin comédien me souffle ma tirade dans une subtile question -réponse !… décidément, je ne suis pas un comédien fiable !

guillemetteNous avançons à l’unisson dans cette entreprise, semée d’embûches, souvent pénible, parfois jouissive. Les périples d’Ulysse, désireux de regagner Ithaque et de retrouver Pénélope et Télémaque, ne sont pas de tout repos, mais nous nous sentons portés, chaperonnés par les Dieux et le destin…

 

décès un culte GR-1Un samedi de mai, nous arpentons, Georges Rodier, et moi,  le site du Théâtre de Verdure avec Gille Beucher journaliste qui vient faire un reportage.   A deux mois du spectacle, nous sommes pleins d’enthousiasme, d’exaltation et de vigueur. Nous passons une belle journée ensemble, Georges Rodier explique avec passion à Gille Beucher son engouement pour le site, pour cette aventure et pour son écriture.  Nous ne décès 2 GRpouvions imaginer une seconde que cette promenade en un lieu si criant de vie serait la dernière pour Georges Rodier.  Trois jours après cette rencontre, il nous quittait subitement.

 Georges Rodier: Je venais de perdre mon mentor, mon sage conseiller, mon guide, il avait jeté tout son savoir et sa fougue au service de mes projets il y avait  consacré généreusement plusieurs années.

 Le spectacle continue

scène ballet Juillet 1991. Le monde merveilleux de la civilisation Homérique s’ouvre aux spectateurs, les acteurs ont le plaisir de vivre l’espace d’une saison un moment émotionnel en hommage à Georges Rodier, pour sa dernière œuvre gigantesque, émotion qui flotte chaque soir au-dessus du Théâtre de Verdure.

 La pièce:

coulissesTandis que le ciel s’habille des couleurs de la nuit, le public descend le petit sentier qui l’emmène sur les rives du lac de Chardes. cadre prestigieux, lieu enchanteur. Il est déjà dans l’ambiance:

Ce terrain couvert d’une forêt sombre où paissent des chèvres sans nombre. Polyphème s’abrite la nuit dans la grotte ici même. Sur l’eau ”, Ballottés par la mer par des vents tournoyants”, “ noir bl royaume morts Colère de Poséidon émergeant des eaux, Zeus sortant de la falaise, et Hermès le messager portant les messages d’arbres en roches… Nombreux sont les exemples du rapport étroit qui lie l’histoire de l’Odyssée et les décors dans lesquels elle se déroule. Ce n’est pas une tragédie avec unité de temps et de lieu. Il y a une grande mobilité au sein des éléments et c’est sur ce site que sont recréées ces ambiances, ces atmosphères.

bateau pauseLumières changement de lieu au sein même du théâtre de verdure et musique composée “sur mesure” constituent les éléments de pénétration nécessaires au public pour partager les cris de Polyphème, ou  les chants des sirènes et de Circé la magicienne. Vous oubliez tout. Vous vous appelez maintenant Zeus Athénée, Hermès Hélios… Vous êtes au pays des Dieux qui vous content les aventures d’Ulysse roi d’Ithaque.

Le soleil rougeoyant se couche sur l’Ogygie pays de Calypso, et le bateau qui accoste en face est celui d’Ulysse et de ses compagnons revenant de la guerre de Troie.

ballet poséidon
Adossés à la paroi granitique surchauffée du théâtre de verdure creusé dans une anse de la Vienne, les spectateurs peuvent suivre deux heures durant, les multiples péripéties de ce retour buissonnier du roi d’Ithaque. Un roi auréolé par la réussite de son stratagème du cheval de Troie et qui est


ballet poseidon

visiblement partagé entre la hâte de retrouver Pénélope et les tentations du guerrier au repos. C’est ainsi que, séduit par le chant des sirènes, il s’abandonne tour à tour à l’envoûtement de Calypso, à la sensualité de Circé et apprécie à sa juste mesure le charme juvénile de la vierge Nausicaa.

Mais ce chemin du retour est jalonné  d’appels vers “d’imaginaires prétend jp melon
ailleurs bleus” . Vous craignez les enfers où Ulysse consulte les morts, et son chemin est également semé d’embûches : nos héros en goguette tombent notamment dans l’antre du Cyclope qui en dévore quelques-uns et pâtissent à plusieurs reprises des accès de mauvaise humeur  d’Éole qui fracasse leur esquif sur les rochers. Ne survit en définitive que le roi Ulysse et vous êtes soulagés quand Ulysse parvient à se venger de ses prétendants et trouve enfin  le repos avec sa fidèle Pénélope.

4000 spectateurs de la Région et d’ailleurs  découvrent une œuvre à travers la sensibilité et les failles de notre groupe d’amateurs et  de professionnels  qui vit une sublime aventure, l


pénélope ulysse

L’ombre de Georges Rodier plane sur cette scène du théâtre de verdure, son absence et sa présence à la fois, donnent au spectacle, chaque soir, une émotion supplémentaire. Mais tout chrétien qu’il est, il est spectateur privilégié depuis un ciel qui reste clair et d’où il retrouve les Dieux de l’antiquité. De “cet autre part…” qu’il évoque dans “Tristan et Iseult” 

Georges Rodier, dans l’épilogue nous dit en conclusion:

ensemble fin“Ulysse a remis de l’ordre dans son domaine,

Des troupeaux; au milieu de gens simples il mène,

Près de sa femme, une vie frugale et champêtre,

Vide d’imprévu, lisse, un peu plate peut-être.

Finies les aventures, taries les surprises,

Les rencontres, les tentatrices convoitises

Sur son roc, inéluctablement insulaire…

Souvent jusqu’à la côte, il descend solitaire,

Les yeux perdus au loin, il songe… A quoi ?… A qui ?…”

danse claudie 1 Les aventures d’Ulysse me confirment que la recherche du bonheur est une longue et  difficultueuse conquête qui ne va pas de soi. Le bonheur se gagne et se mérite et il ne peut pas exister sans référence au malheur ou, pour le moins, à des épreuves, écueils, coups du sort, obstacles.  Je trouve ici l’illustration de ce qu’est la vie de chacun, nous sommes tous des héros qui mûrissent, grandissent et progressent pendant des éprouvantes, tonifiantes et bonifiantes pérégrinations ou Odyssées de la vie. C’est le parcours initiatique de chacun.

 

presseCette année 1992, m’évoque de puissants souvenirs et, “L’Odyssée” obtient la reconnaissance unanime d’un grand travail de création théâtral, consacrant l’énergie et le talent de toute une équipe. Ce succès n’aura pourtant pas été la fête escomptée, avec la disparition de Georges Rodier, qui restera irremplaçable pour moi et pour la troupe.

Dorénavant, là où mon travail me mènera, je ne saurai me départir de sa présence. Il faut donc aborder la saison 1992 avec un autre regard; un regard certes amputé de la sensibilité du grand adaptateur, mais qui oblige à explorer la nouveauté.

 Mes influences

 Mon éducation est stricte, mes relations sont très diverses, mes influences sont heureuses des fortes et des riches personnes rencontrées, ma famille est politiquement éclectique, des conflits exacerbés et permanents la divisent.  Spectateur de ces influences, j’ai très vite, pris du recul et curieux j’ai beaucoup observé, essayant de comprendre avec objectivité, le pourquoi de ces désaccords. Apprendre et respecter les opinions des uns ou des autres, c’est ce qui m’a poussé à analyser les agissements  humains dans l’Histoire, la Vie, la Création… en cela, le théâtre est l’outil par excellence, il permet de créer d’oser, de parler, de crier…  

moi et dominique « Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre cœur n’importe quelle injustice commise contre n’importe qui, où que ce soit dans le monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire.  Ernesto Che Guevara

La passion va avoir ses raisons une nouvelle fois ! Avec l’Association “L’Isle était une fois”, nous nous étions promis de monter un gros projet une année sur deux. Après le méga-spectacle de ” l’Odyssée” l’an dernier, on imaginait que 1992 verrait naître une création de moins grande envergure. C’était sans compter sur notre motivation.

 

Photos : Michel Geslin – Jean-Jacques Godfroid – Michel Mourasse

 

J’ai fortement éprouvé le besoin de réaliser en dépit de sa qualité, ce montage vidéo afin de partager avec vous la trace filmée, collectée de-ci de-là… j’avais besoin de comprendre ce que nous avons vécus, retourner sur la « trace »  témoignage, des joueurs et des participants… Trace, survivance de l’éphémère instant où tout ne serait qu’un rêve s’il n’était préservé par l’écriture et l’image qui ont la chance de rester vraies aujourd’hui encore et toujours…