2003 Veillée autour du Cercle de Craie Caucasien
2003 « Veillée autour du Cercle de Craie Caucasien »:
explorer l’ombre des ruines, des châteaux, des bois et des places publiques …On fait cercle près du grand feu, autour des comédiens pour écouter le « Il était une fois… » promesse de rêves, de frissons, d’évasions et d’émois. Veillée d’autrefois, ou d’aujourd’hui ? Je la veux hors du temps, cette rencontre de parents, de voisins, d’amis… pour entendre l’humble ou homérique saga de la vie… transfigurer la légende du «Cercle de Craie Caucasien», épopée d’une communauté, d’un pays et au-delà, d’une civilisation…
Souvenez-vous que c’est au cour d’une veillée après la deuxième Guerre Mondiale, dans un village en ruine du Caucase qu’une discussion oppose deux kolkhozes voisins. Ils réfléchissent à leur avenir possible sur les ruines. Un accord se fait pour le bien commun, pour célébrer l’événement, les habitants du village proposent une représentation théâtrale.
«… en l’honneur de votre visite, nous avions prévu une représentation théâtrale… Nous espérons que vous serez d’avis que notre pièce résonne à l’ombre des canons et de nos ruines qui méritent bien de parler elles aussi… C’est une ancienne légende… « Le Cercle de Craie Caucasien ».
Le public est assis, en veillée, autour du cercle (capacité 150 à 200 personnes). On fait passer le thé autour de tous avec des gâteaux fabriqués par les gens du village. La scène est l’espace central, des braseros s’allument et commencent à lécher de ses lumières les riches costumes du Palais… dans ce dispositif, 40 comédiens et chanteurs pénètrent dans ce cercle qui n’est ni un jardin, ni un parc d’attraction, c’est le lieu d’équilibre entre la fête et l’esprit. …
Quand vous avez un succès, enfermez vous dans votre atelier et travaillez… Cet adage me semble important à méditer pour concevoir une reprise.
Le lendemain d’un spectacle, tous nous portent à croire dans notre environnement que nous l’avons brillamment réussi ! Que l’on est bon ! parfois, on atteint presque la 7° merveille du monde ! De là à penser que l’on est le plus intelligent, le plus doué ! il n’y a qu’un pas. Je puis en témoigner ! Danger, danger que de trop croire nos amis et sympathisants ! N’y a-t-il pas un peu de complaisance, un petit peu de démagogie, certes de l’amitié et de la protection sympathique dans leurs propos ? La peur souvent de nous froisser après une représentation et alors peu de personnes sont en mesure de nous éclairer de nous distancier de notre travail. Qui peut nous faire sortir de cette immersion béate dont nous émergeons souvent, mis en apnée par des mains qui nous tiennent la tête sous l’eau en nous applaudissant à tout rompre ? Je vous l’ai souvent rappelé, c’est en amont, dans les phases de travail que je sens la nécessité et l’utilité d’un regard objectif et éclairé. S’il peut faire mal, Il apporte la distance, interpelle et remet en cause des détails de mon travail, de ma lecture ou de mon parti-pris et, il peut aussi me rassurer.
Comment ne pas être infiniment reconnaissant à ces comédiens de talents qui m’ont aidé, appris sur le terrain comme Michel Geslin, Gérard Hardy, Anne Klippstiehl ou que j’ai croisés éclairé de leurs critiques et de leurs exemples, conseils et aides : Dominique Guillard, Claire Lasnes, Laurent Darcueil, et bien d’autres… On apprend aussi du silence ! Un silence ou un certain mutisme caché derrière un sourire et un mot détourné, peuvent en dire long sur des appréciations et jugements…
Péremptoire, didactique et quelque peu perfectionniste… peuvent vous sembler mes remarques ! Pourtant, elles sont fondamentales dans ma construction. Le succès doit rendre humble, exigeant et vigilant.
Nous ne ferons pas d’économie de répétitions dans la préparation de cette reprise, car le piège est le laxisme et le manque d’imagination que pourraient engendrer ce recommencement. C’est le travail d’une année passée qu’il faut se remémorer, en refaire le parcours, celui qui de jour en jour a investi notre mémoire, notre personnage et notre jeu.
On peut bien sur, se contenter de reproduire ce spectacle avec la mise en scène passée ! Profiter des acquis et connaissances de la pièce pour l’explorer plus profondément la mener plus loin dans la démarche artistique à la rencontre d’un autre public et d’une autre mise en scène, c’est toujours ce que je privilégie.
Toute la mise en scène est reprise, nous fabriquons des accessoires, des coffres multiples qui deviennent des murs, des ponts, des praticables, des baignoires… des échelles, un dispositif de campagne et des braseros pour les éclairages.
Comme j’ai appris à le faire je n’adapte pas au hasard, n’importe quoi, n’importe où. La rencontre entre un texte et un lieu est une affaire de bon sens, une histoire d’amour. Le Cercle du public autour du grand feu se nichera cet été là, dans la cour du Châteaux d’Harcourt à Chauvigny, sur la place du Prieuré à Saulgé, dans la cour du Logis Saint Pierre à Adriers, dans le parc devant la façade du Château de Galmoisin à St Maurice la Clouère, dans l’enceinte du Château de Saint Germain de Confolens, sous les Halles de Lusignan et dans l’Île du Château du Ris-Chazerat-Cournet de Journet.
Ce projet cette année, nous le fondons sur un bénévolat total des artistes et des techniciens. Nous proposons gratuitement nos représentations dans les lieux d’accueil. En contre-partie, la structure d’accueil, commune ou association, représente le partenaire privilégié du projet sur son espace, elle le présente à la population, gère la communication, prépare des moments de convivialité et d’accueil avec le public.
Sans moyens financiers, nous étions nomades de villages en villages, comédiens heureux qui trouvions sur leur passage des aides au montage, démontage, un bel accueil et des moments de convivialité partagés. La vie de la troupe était intense, beaucoup de matériel à transporter d’un lieu à l’autre à installer, à
L’équipe des comédiens et techniciens vivait là, encore, un rythme de baladins, saltimbanques, très actifs et dynamiques. L’accueil sur place ne l’était pas moins et ce dans les moments où notre âge, grands adultes, nous portait au repos minimum nécessaire, je crois savoir, que nos jeunes actifs savaient très bien joindre l’utile à l’agréable, en fait plus précisément , savaient rendre les chose utiles agréables et les choses agréables utiles… Quelques traces, restées sur des lieux d’accueils ont reçu de nécessaires excuses qui n’en disculpent pas moins cependant, nos gentils auteurs.démonter rapidement, de nombreux costumes à laver repasser, et d’accessoires à placer… Heureusement, beaucoup de nos amis d’aventures passées venaient ponctuellement nous apporter leur aide à une ou plusieurs de nos étapes.
Dans ce théâtre sans rideau, sans scène, autour du cercle, la proximité avec le public est telle qu’il est directement témoin de nos forces et de nos faiblesses. Nous avons à travailler notre jeu afin de ne pas se sentir en pâture et profiter de cette mitoyenneté pour mettre le spectateur complice de notre jeu sans cependant, le mettre mal à l’aise. Nous n’avons pas d’effets lumières et pas de soutiens sonores, tout est en direct. D’ombres et de lumières, plus ou moins intenses, les feux des braseros sont nos projecteurs. Le rideau de scène est la nuit étoilée d’où, nous apparaissons et, nous disparaissons accompagnés de la lune. Ces expériences de plein air, sont riches de découvertes, elles me donnent envie et raison d’aller encore plus loin !
La cour du Château d’Harcourt fut le théâtre de notre générale et de la première veillée. Un grand cercle de public s’inscrivait dans cette enceinte, entourée de murs qui reflétaient les Ombres de l’Histoire…
A Saulgé, la Place du Prieuré au chevet de l’église, nous a vus débarquer au milieu des habitants, comédiens perpétuant d’ancestrales conteurs saltimbanques.
Au Logis Saint Pierre à Adriers, cette belle bâtisse déployait un charme immense, qui faisait se dérouler une poésie troublante en cette magnifique soirée d’été.
Le Château de Galmoisin, les arbres, les pelouses, les fleurs, respectivement s’ajustaient aux épisodes comme les discrets et présents décors de notre épopée.
Le Château de Saint Germain de Confolens reste un souvenir impressionnant par ses imposantes ruines qui semblaient s’éveiller ces soirs là, fantomatiques et légendaires.
les Halles de Lusignan, sous cet abris d’entrelas de piliers de bois sculptés et charpentés, sur ses pavés, ce lieu populaire nous inspire, il nous fait bateleurs, baladins.
l’Île du Château du Ris-Chazerat-Cournet de Journet est le théâtre de notre dernière représentation. Des plus inattendus, le cercle du public est entouré d’une végétation luxuriante ajoutant à l’exotisme une évasion qui projetait cette aventure hors du temps…
Ce voyage est un bel effort et beau geste de comédiens et techniciens, qui mérite d’être souligné. Comment aujourd’hui, 40 comédiens, costumiers, techniciens et musiciens peuvent-ils trouver des moyens publicitaires, des moyens techniques des accessoires, pour se déplacer et apporter au public chez lui, gratuitement un spectacle de cette tenue et valeur cet été 2002 ? Bravo, notre pari était noble et nous l’avons gagné. Merci aux techniciens comédiens, chanteurs musiciens et habitants des villages, vous tous, acteurs de cette aventure.
Livret publié par La Maisonnée-chez Tony-86430 Adriers
avec pour titre : Le théâtre du Lavoir à Adriers
Jean Colasson une des chevilles ouvrières de notre accueil à Adriers avec beaucoup d’autres, conclu le livret par ces mots :
« Pour avoir donné le plaisir de cette représentation qui se terminait dans l’abondance de gâteaux et de rafraîchissements, remerçions d’abord Bertolt Brecht, puis toute la troupe du Lavoir, la Municipalité d’Adriers, le Comité des Loisirs, Jean et Martine Colombeau sans qui cette soirée n’aurait pas été ce qu’elle fut au Logis Saint Pierre à Adriers. »
J’adresse ces mêmes compliments et mes remerciements :
Au Comité des Fêtes de la Cité Médiévale de Chauvigny « La Cour du Château d’Harcourt »
La Municipalité de Saulgé « La Place du Prieuré à Saulgé »
Les Amis du Château de Galmoisin « Le Château de Galmoisin » à Saint Maurice la Clouère
Le Théâtre des Feuillards de la Péruse (16) « Le Château de Saint Germain de Confolens »
L’ACVS de Lusignan « les Halles de Lusignan »La Municipalité et l’Association Culturelle pour la Promotion de Journet « l’Île du Château du Ris-Chazerat-Cournet de Journet »
Photos : Jean-Jacques Godfroid – Michel Mourasse
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