1990 Les Sept Péchés Capitaux

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Ce spectacle inaugure  “Le Café Théâtre du Lac”.  Dans ce nouvel espace, une équipe d’une quarantaine de personnes, comédiens, techniciens et logistiques, vont faire rêver 1900 spectateurs autour d’un florilège de morceaux choisis (Poèmes, passages romanesques, scènes dialoguées extraits de grandes œuvres littéraires). Nous obtiendrons pour cette création le “Trophée Poitou-Charentes”.

Georges Rodier écrit le prologue sur “LE CHIFFRE SEPT” Sept péchés capitaux. Seulement ? s’étonneront certains optimistes gourmands. Tant que ça ? s’indigneront d’autres vertueusement choqués, dangereusement naïfs. Que les uns et les autres se peche 1-1résignent, ils sont sept. Pas six, pas huit, pas un de moins, pas un de plus, non sept… c’est peché 3 1-3comme ça. Définitif. Mais alors, pourquoi précisément sept ?

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Avez-vous remarqué combien ces péchés capitaux dans leur pointilleuse peché 9 1-3peché 7 1-3comptabilité sont en bonne compagnie !
Il y a, il y a eu pêle-mêle ; les sept. jours de la semaine, les peché 4 1-3sept couleurs de l’arc-en-ciel, les sept Merveilles du Monde, les sept sages de la Grèce, les sept notes de la gamme, les sept états de conscience, les sept églises, les sept étoiles des sept anges de l’Apocalypse, les frères couchés de Charles Perrault, les sept nains  de Blanche-Neige, les sept jours de la création, je m’arrête là ! Je n’en finirai pas de citer des exemples qui se bousculent tellement, qu’on ne sait où donner de son choix. C’est simple, “tout ce qu’il y a dans le Monde est sept” dit un texte islamique. L’affirmation est à la fois péremptoire, explicative. En effet, à travers tous les livres sacrés, de nombreux ouvrages profanes, à travers les religions, les civilisations, les mythologies, les contes. Le nombre sept dans sa globalité, quelquefois par addition: quatre et trois, cinq et deux, plus rarement par multiplication. Rappelez-vous les soixante-dix-sept fois sept de l’Évangile, le nombre sept, dis-je, s’affirme comme un nombre magique souvent bénéfique, parfois maléfique. Combien de rixes… combien de démarches…

sept 3Le chiffre sept est à la fois symbole et représentation de la totalité, d’abord sous toutes ses formes, totalité humaine, par exemple par addition de quatre, l’homme, et trois, la femme, ou inversement suivant les civilisations peut-être, pour ménager les susceptibilités. Totalité morale, quatre vertus cardinales, trois théologales, à contrario, sept péchés capitaux, symbole et représentation ensuite de l’achèvement, de l’accomplissement, de la conclusion d’un cycle, création du Monde,  les phases de la lune, symbole des représentations, finalement par voie de conséquence, de la perfection, de la plénitude en somme, dans le Bien comme dans le Mal. Mais regardons les choses sept 9encore de plus prêt, au-delà de l’idée et de l’expression de l’accomplissement parfait, le nombre sept ne révèle-t-il pas, ne recèle-t-il pas une latente mais réelle anxiété ?

 

Songez-y, le cycle est accompli, la plénitude est atteinte, bon… et après quoi ? quelle réponse apporter à cette simple, innocente, terrifiante question ?  

peche 14Comédien, c’est avec ce texte que j’introduis le spectacle, au “Café Théâtre du Lac”. Je suis passé de l’autre coté de la scène, assistant à la mise en scène et  comédien.  Je me fais diriger avec habilité et dynamisme par Michel Geslin. Il me fait jouer le texte dans l’entrelas d’escalier, de passerelle, de ferraille, en équilibre, en acrobatie, grimpant une échelle, disparaissant par une porte, surgissant à l’étage entre des cloisons, dévalant un escalier pour finalement me confondre au public.  Ce spectacle se délecte de la peche 13-1transgression, il est autant gestuel que verbal. Les comédiens assidus et conscients des enjeux, avec une profonde jubilation, y vont chacun de leur performance, c’est un moment de réel plaisir.

Michel Geslin est responsable régional d’art dramatique à la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports.  Il nous dirige cette année là, dans un atelier théâtre avec compétence et dynamisme. Son atelier contribue à enseigner, les règles, les arcanes, les richesses, la portée de l’art du théâtre en nous mettant en condition de sentir et de tenir les rôles qui seront dévolus en les familiarisant avec la scène, en modelant et en perfectionnant leur technique, en épanouissant leur sensibilité, en nous conduisant, en somme, à la découverte de nous-mêmes.

7 14Le sujet :  La paresse qui ne l’a jamais abordée, ainsi que l’envie ou l’orgueil ? La colère nous a parfois éprouvés. Quant à la gourmandise, en bon Rabelaisiens que nous sommes, nous en avons tous salivé ! L’avarice nous effleure dans quelques situations de l’existence, et enfin la luxure… Ce dernier péché est sans doute plus connu ou toléré de nos jours par le doux terme de fantasmes, mais… Ces 7 monstruosités qui doivent normalement envoyer tout bon chrétien aux enfers. Michel et moi avons adapté 7 13jpg 7 16 7 18 7 19 7 20 7 21 7 25 7 26 7 P 1
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les textes de Cavanna, Diderot, Bossuet, La Fontaine, Henri Michaux, La Rochefoucault, Fénelon, Saint Amand, E. Rostand, A. Jarry, René de Obaldia, A. Daudet, Rabelais, E. Anska, Baudelaire, Massillon, Molière, G. Trigano, G. Flaubert.  Le spectacle n’est pas une suite d’actes nous ramenant à nos bas instincts, jean pierre mornet 3mais une série de scènes, sautant de l’un à l’autre des sujets, une sorte de “patchwork” étudiant le comportement des individus et des groupes. Montrer du doigt, rouler un regard noir, user de ce pouvoir pour établir un semblant de dialogue avec le public et avec à la clarinette, Jean-Pierre Mornet  qui ponctue la poésie, souligne les passions et les sens de cette comédie. Comédien improvisé lui-même, il interprète sa musique la moule, l’entrelace dans les textes, tout en complicité avec les uns et les autres.

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Les comédiens ont beaucoup appris avec de cette expérience au “Café Théâtre”. Là, on apprend à jouer la proximité au public… Et j’avoue avoir un faible pour cette démarche théâtrale difficile, mais

chaleureuse et intime…

Ce spectacle tout en nuance et fraîcheur, délicat, à la fois pudique et impudique, tenu par une belle cohérence d’acteurs a surpris sept 4par son originalité et les messages qu’il envoyait sur l’individu sans pour cela être didactique et intellectualisé.

Distribution : Alain Couvrat, Claude Venin, Frédérique Melon, Françoise Saimond, Annette Ferrand, Alain Goupil, Nicole Bourdeau, Marie-Claude Gransagne, Thomas Sillard, Jean-Marie Regeon, Emmanuel Regeon, Véronique Jammet, sept 8Marie Gilbert, Jean Pierre Melon, Jean Marie Sillard, Edith Rideau, Marie-Odile Chauvet.

Création, accompagnement musical Jean-Pierre Mornet

Mise en Scène Michel Geslin assisté de Jean Marie Sillard

Eclairage Michel Seignardie assisté de Jean-François Bégoin, Jacques Diguerher et Rodolphe Sillard.

 

 

Au théâtre de verdure…

Pendant que se donnaient les représentations des “Sept Péchés Capitaux”, notre association sous l’impulsion et la participation de François Guilbard et Marie Claude Deudon, organise une première rencontre chorégraphique, classique, jazz et contemporaine dirigée par Odile Azagury. La place est donnée à des compagnies du Poitou-Charentes : Sabine Desplat et Maryline Gourdeau de “Passage à Flots” à la Rochelle, Marlène Koff de “Chaos” à Angoulème, Claire Servant de “Alice Delux” à Chauvigny. Ces rencontres donnent lieu en collaboration avec le festival d’Availles-Limouzine à des spectacles et performances musico-chorégraphiques. Katy Roulaud , Cie “Rosecoeurdeboeuf” fait une création de danse “Buto”. Le Ballet Théâtre de Metz créa un ballet autour de Richard Strauss.

Et aussi, cet été là:

La Compagnie “Terre de Scène joue “Le Miracle de Béthequine, princesse de Hongrie”

“Timisul”,  le groupe folklorique de Timisoara (Roumanie) donne un spectacle. …

Guy Tel présenta un exposition  de peintures au café théâtre du Lac.

Le Groupe “Guineens” donne un concert.

Odile Azagury avec Ken Carter et son ensemble  créent  “Esther”

Michel Murty, auteur-compositeur-interprète donne un récital.

Dans cet hiver 1990, comme il est statué dans les objectifs de notre association : “Aller dans les villages…”,  nous avons adapté les “Sept Péchés Capitaux”  dans  les salles des bourgs de Quéaux, Moussac et Luchapt. C’était là, les prémices d’une autre démarche de rencontre d’échange et de réflexion; aller au devant d’un public qui ne serait jamais venu  au théâtre.

 

Photos : Michel Geslin – Jean-Jacques Godfroid  – Michel Mourasse

Jean-Pierre Mornet : Voici « l’authentique » filmée en 1990 avec les moyens de l’époque. C’est sombre, le son est saturé, il faut quelquefois tendre l’oreille, mais on s’est amusé. J’aime

Réponse de Jean Marie : J’peux pas dire que j’aime pas… seulement j’espère que peu me reconnaîtront !
Par contre comment ne pas reconnaître la clarinette de Jean-Pierre … déjà à l’époque ! Alors imaginez, mesdames, aujourd’hui !

Jean-Pierre : C’est presque du Walt Disney sur une musique de Paul Dukas…mais le Mickey, c’est qui ?
15 septembre 2014, J’aime